Longtemps regardées avec commisération, les villes reconstruites après la seconde guerre mondiale forcent désormais l’intérêt. Brest ne fait pas exception qui s’est dotée dès 2001 d’une zone de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager avant d’obtenir, en 2017, le label de ville d’art et d’histoire. Mais cette réhabilitation morale se fit attendre et elle demeure confrontée à un paradoxe : achevée il y a 60 ans à peine, la reconstruction brestoise demeure énigmatique aux yeux de beaucoup, ce qui nourrit des hypothèses hâtives souvent erronées. Il en va ainsi du déni de l’histoire qui lui est souvent reproché alors qu’elle s’inscrivit dans une continuité et permit l’aboutissement d’aspirations formulées de longue date. Il faut certainement y voir une conséquence du terrible traumatisme que constitue la destruction d’une ville, par ses alliés de surcroît, et l’inévitable défiance vis-à-vis de sa remplaçante d’abord jugée illégitime. La conférence rappellera les conditions du relèvement de Brest, les intentions qui présidèrent aux choix, mais elle évoquera aussi les démarches originales mises en œuvre ensuite pour réduire le déficit symbolique dont la ville aurait souffert.